lundi 1 mai 2017

Quand l'homme et la femme sont touchés par la grâce de l’amour

   
   L’homme, touché par la grâce de l’amour se met soudain à se préoccuper du sort d’un autre être tout autant que du sien. Enfin, délivré du carcan de l’égoïsme martien, il découvre la joie de donner sans rien attendre en retour et de rendre heureux. La satisfaction de sa partenaire lui important autant, sinon plus que la sienne propre, il devient capable d’accomplir par amour les plus grands sacrifices. Le sourire de la femme de sa vie et son bonheur lui donnent des ailes.
  Alors que dans sa prime de jeunesse, la satisfaction de désirs matériels égoïstes, suffisait à le combler, à mesure qu’il gagne en maturité, l’homme aspire à des sensations plus élevées. Seul l’amour peut dorénavant lui apporter le véritable contentement. Etre aimé, bien sûr, mais surtout, et avant tout aimer.
   La plupart des hommes cachent des trésors de tendresse. Ils meurent d’envie de chérir une femme mais l’ignorent tout comme ils ignorent ce qu’ils perdent à s’en abstenir, faute d’exemple paternel probant. Un homme qui n’a jamais ou rarement, vu sa mère rayonner de bonheur sous l’effet des attentions de son époux ne peut deviner le plaisir inégalable qu’apporte l’acte de donner.
   En revanche, en cas d’échec sentimental, l’homme sera la proie des idées noires et courra se terrer au plus profond de sa caverne. Ainsi protégé de tout contact intime avec le monde extérieur hostile, il pourra ressasser en toute quiétude ses malheurs. Dans ces moments, il ne pense plus qu’à lui et se ferme aux autres. A quoi ces efforts riment-ils ? S’interroge-t-il avec  amertume. Et à quoi sert de se donner tant de mal pour des ingrates ? Il ne comprend pas que son indifférence et sa rancœur résultent d’un sentiment d’inutilité. S’il rencontrait une personne qui ait besoin de lui, il émergerait aussitôt de son état dépressif et retrouverait sa joie de vivre. 
   Ce qui se passe dans la tête d’une femme lorsqu’elle tombe amoureuse ressemble beaucoup à ce qu’à ressenti la Vénusienne qui, la première, a pressenti l’arrivée des Martiens sur la planète : elle vit dans un rêve.
   Son ancêtre avait eu la vision d’une flotte spatiale apparaissait à l’horizon pour atterrir sur  Vénus et d’un homme grand, beau et jeune descendant de son vaisseau spatial et la prenant dans ses bras. Elle devinait que l’inconnu saurait la chérir comme elle aspirait à l’être et prendrait soin d’elle. A sa suite, toutes les autres Vénusiennes se mirent elles  aussi à rêver de séduisants étrangers et oublièrent par enchantement le mal de vivre qui les minait. Bientôt, elles ne seraient plus seules ! Bientôt, elles seraient aimées !
   De leur côté, les Martiens, totalement subjugués par  la beauté et la culture des Vénusiennes, ne demandaient pas mieux de se dévouer à elles corps et âme. Enfin leurs efforts, leur courage et leur compétence étaient utiles ; ils leur permettaient de plaire à ces êtres admirables et merveilleux, et peut-être même de les rendre heureux. Cela leur parait un véritable miracle !
   Malheureusement, malgré des millénaires de cohabitations avec les descendantes de ces Vénusiennes, la plupart des hommes ignorent encore l’importance que revêt pour une femme le fait de se sentir épaulée par quelqu’un  qui tient à elle. Pour être heureuse, une femme doit sentir que ses besoins seront comblés, que si elle est bouleversée, son compagnon demeurera à son côté pour la soutenir : en bref, qu’elle n’est pas seule et qu’on l’aime. Et plus son partenaire acquiescera à ses doutes, cherchera à comprendre ses angoisses et fera preuve de compassion, plus elle appréciera l’assistance qu’il lui apporte et lui en sera reconnaissante.
    Les hommes le comprennent souvent mal car leurs instincts martiens, les poussent à s’isoler quand ils sont contrariés. De ce fait, le premier mouvement d’un homme qui voit sa femme soucieuse sera de la laisser seule, par respect. Et s’il reste auprès d’elle, il risque d’ajouter encore à son malaise en essayant à toute force de l’aider à résoudre ses problèmes. Il ne perçoit pas de lui-même combien la simple présence d’un être cher et la possibilité de lui raconter ses maux sont importantes pour elle. Elle a avant tout besoin d’une oreille compatissante.
   Exprimer ses sentiments lui permet de se détendre et de ramener ses angoisses à des proportions normales. Elle reprend peu à peu sa confiance en elle : oui elle mérite d’être aimée, oui, elle va l’être. Et puisqu’elle est digne de l’amour de son partenaire, elle n’a nul besoin de s’épuiser comme elle le fait à chercher à le gagner. Elle le mérite. Retrouvant son sourire, elle donne moins d’elle-même, mais mieux, et aussitôt reçoit davantage.

                  John Gray, Les hommes viennent de Mars, Les femmes viennent de Vénus 
                                             Extrait du chap.4,  p 60,61,62,63



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