jeudi 27 juin 2013

Il était une fois l’amour (Chapitre III, extrait 3)

   Jeffrey aurait préféré que Daphné s’arrêta de travailler jusqu’au terme de sa grossesse, mais il dut reconnaitre qu’elle s’en trouvait beaucoup mieux. Elle se mit en congé juste avant Noël. Son bébé devait naître deux mois plus tard. Sa joie grandissait de jour en jour et lui faisait oublier peu à peu la mort de sa mère.  Elle décréta que, si elle avait un garçon, elle l’appellerait Jeffrey, mais lui préférait  une petite fille aussi belle que Daphné. Le soir lorsqu’ils se couchaient, il touchait délicatement le ventre de Daphné et sentait l’enfant bouger. Ses yeux étaient pleins d’amour et d’émerveillement.
-          Il ne te fait pas mal ?
   Il se faisait beaucoup de soucis. Pourtant Daphné avait vingt et un ans et respirait la santé. Elle riait de ses inquiétudes.
-          Non. Quelquefois, cela me fait  une drôle d’impression. Mais je n’ai pas mal.
   Elle semblait si heureuse. Il s’en voulait presque de la désirer dans son état, et ils s’aimaient presque chaque nuit.
-          Ça ne fait rien Jeff ?
-          Non. Bien sûr que non. Tu es belle, Daphné. Encore plus belle qu’avant.
   Ses longs cheveux blonds encadraient son visage, lumineux et doux, et dans ses yeux dansaient une petite flamme que Jeffrey n’avait jamais vue auparavant. Elle rayonnait de joie et d’espoir.
   Lorsqu’elle ressentit les premières douleurs, elle l’appela au bureau. Il se précipita chez lui, abandonnant son client, oubliant de poser le livre qu’il tenait à la main, beaucoup plus ému qu’il ne l’aurait voulu. Mais quand il trouva Daphné installée dans son fauteuil, il comprit que tout ira bien. Ils burent une coupe de champagne.
-          A notre fille !
-          A ton fils !
   Ses yeux étincelaient. Mais les contractions recommencèrent. Il lui prit la main et, oubliant le champagne, appliqua à la lettre les leçons qu’ils avaient apprises ces dernières semaines, la soutenant chronométrant la fréquence des contractions. Vers quatre heures, il sut que le moment était proche. Ils retrouvèrent le docteur à l’hôpital. Daphné souriait. Elle était si heureuse, si fière, et malgré la douleur qui l’obligeait à s’accrocher à Jeffrey, ses yeux gardaient cette même flamme étincelante.
-          Ma chérie, tu es merveilleuse. Comme je t’aime !
   Il la soutient jusqu’à la salle de travail et ne la quitta pas. Enfin, à 22 heures 19 précises, Daphné, sous les yeux ravis de Jeffrey, donna le jour, dans un dernier effort, à une petite fille. Aimée Camilla Fields fit son entré dans le monde en hurlant, saluée par le cri de victoire et de joie de sa mère. Daphné la reçut dans ses bras. Jeffrey les regardait tour à tour, pleurant et riant.  Il caressait les cheveux trempés de Daphné tout en jouant avec les doigts de sa fille.
-          Comme elle est belle, hein ?
   Daphné, elle aussi, pleurait et riait. Elle regardait son mari.
   Il se baissa et lui donna un doux baiser sur les lèvres.
-          Tu n’as jamais été aussi belle, Daff. Je t’aime
   Les infirmières se retirèrent, émue comme chaque fois qu’elles voyaient un enfant naître. Tous trois restèrent longtemps ensemble, jusqu’à ce que Daphné soit ramenée dans sa chambre.
   Quand elle fut endormie, Jeffrey rentra et, une fois couché, se mit à penser à sa fille, à sa femme, à tout ce qu’ils avaient partagé depuis deux ans.
                        
                       Danielle STEEL, Il était une fois l’amour






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